|
DICTEE DES ROIS 2006
Suite des tribulations de Pietro le Bergamasque.
Notre héros au long bac, ou plutôt au petit boutre, continua son périple et quitta sous le frimas les quais verglacés de la belle ville girondine. Il se rendait vers le nord, mais en ignorant complètement les risques de choir dans l'érèbe qui allaient bientôt survenir. Le ciel s'irisa, la mer se forma, et, venu du diable vauvert, le vent ayant crû s'enfla et, tel Jason dans les Argonautiques, notre fier matelot et ses camarades, tout tremblants, crurent leur dernière heure arrivée. Tout à coup les friquets s'envolèrent, le perroquet chut, le mât de misaine dégringola sur le beaupré. Tout partait à vau-l'eau. Ils s'étaient laissé abattre et pensèrent alors qu'il convenait de numéroter leurs abattis ...
Une fois effectuées quelques réparations de fortune, ils reprirent la route et, nantis du firman plus tôt reçu du sultan, ils arrivèrent à bon port, le port de Granville, capitale de la morue terre-neuvienne. Ils s'y amarrèrent, parmi quelques bricks. Mais, en l'occurrence, le destin s'acharnait sur eux. Après s'être disputés, puis réconciliés et enfin s'être souri et serré la main, les matelots de Pietro s'étaient adonnés à quelques bombances, dont un plat de salicoques assaisonnées de crêtes de coq, suivi de liens jaunes et de poulets douteux. Ils durent user et abuser des lieux d'aisance mis à leur disposition par les hôtesses du cru. Les sot-l'y-laisse avariés y étaient sûrement pour beaucoup, et ces sots emplirent donc les seaux de ces vespasiennes ornées du sceau royal de notre bon Charles VII. |
|