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Opération « Overland » … de Granville à Sherborne en VW-Transporter au titre du Douzelage et du Jumelage Granville-Sherborne en parallèle avec le car (Rollo) des amis du jumelage … du 23 au 27 Juin 2005
par Jean-Claude GUERRY, invité « virtuel » au street market du week-end international de Sherborne
[Version définitive revue et complétée après la mise en forme de la version internationale - en Globish … langage inspiré de l’anglais mais rédigé par un non anglophone - plus détaillée sur certains points.]
Jeudi 23 Juin … Je suis parti de Granville avec le Transporter vert chargé du nécessaire pour les trois jours de street market prévus à Sherborne par le programme officiel qui m’avait été communiqué en temps utile, persuadé que l’expédition programmée de longue date avait été dûment annoncée par courriel aux responsables du Sherborne Festival par notre « maître toile » granvillais, qui entretient depuis des années des contacts suivis avec les villes partenaires du Douzelage Plus. Il avait récemment transmis mes « vœux » en matière de soutien logistique sur place – « fridge space » …autrement dit de la place dans un [grand] frigo, pour prendre le relais de mes deux petits frigos « embarqués » et y entreposer, comme à Kötzting il y a deux ans, les denrées périssables et une partie du cidre et du poiré … réponse négative … et une prise de courant à moins de 50 m du « camion », pour alimenter les frigos « embarqués » pendant les trois jours du « street market » … réponse favorable – et m’avait assuré que « tout était prévu » par les responsables de Sherborne. Des noms ? … Ceux de Chris MacAdie, Lynn Ashby … Mike Balfour … étaient régulièrement revenus dans la conversation, tant avec notre « maître toile » de GPE, donc du Douzelage, qu’avec Mathilde, qui arborait en l’occurrence la double casquette du Jumelage Granville-Sherborne et du Douzelage. Après une traversée rapide – 2h15 – et tranquille entre Cherbourg et Poole, une bonne heure de route et pas mal de virages, je suis arrivé à Sherborne vers 15h, alors que le rendez-vous avec le car du jumelage était prévu à 18h30. J’ai tenté sans succès, en passant à l’office de tourisme, de prendre contact avec l’un des « responsables » évoqués plus haut, puis j’ai gagné le parking où était prévu le rendez-vous et j’y ai immédiatement repéré un autre « camion » - Ford Transit - immatriculé en Hongrie, qui tournait en rond comme moi, en quête d’un ou plusieurs « responsables » locaux du comité d’accueil. Renseignement pris, le Ford Transit était effectivement le « camion d’assistance » et le couple qui était à bord attendait le car de Bristol et le reste de la troupe … une quarantaine de personnes …, qui venait d’y atterrir à bord d’un vol Easyjet en provenance de Budapest. J’ai eu la chance d’aborder Chris Langdon, « mon » premier bon Samaritain, un garçon sympathique à qui j’ai brièvement exposé mon cas et mon « problème » de frigos. Réaction spontanée : « J’habite à 300 m d’ici. Venez garer votre « camion » dans la rue, devant la maison, et je vous brancherai votre rallonge ». Chris attendait quatre jeunes Hongrois du groupe de Köszeg qu’il devait accueillir chez lui. Les autres familles d’accueil se sont retrouvées sur le parking, et le car attendu a fini par arriver. La répartition des 40 jeunes du groupe de danses folkloriques qui allait constituer le clou du week-end s’est effectuée sans problème, et je me suis retrouvé chez Chris pour une tasse de thé. Puis je suis retourné sur le parking et j’y ai trouvé un banc à l’ombre pour me reposer, en attendant le car de Granville qui est bien arrivé à 18h30. Répartition sans problème des membres du Jumelage, qui ont retrouvé de vieux amis, des Chauntous d’la Côte et du chauffeur du car. Mais la liste du Jumelage ne faisait évidemment pas état du chauffeur du « camion » vert du Douzelage … et il n’y avait aucun des « responsables » locaux pour l’accueillir. C’est à ce moment-là que m’est venue la formule du « visiteur virtuel », qui n’existe, sans encombrer personne, que sur Internet ! Qu’à cela ne tienne, Mathilde et Hélène ont exposé mon cas, et Moira, « ma » seconde bonne Samaritaine, qui accueillait déjà trois Granvillaises au titre du jumelage, m’a aimablement invité à dîner, ce qui l’a obligée à faire deux tours, car elle n’avait pas assez de place dans sa voiture pour quatre personnes et les bagages. J’avais pris une bouteille de cidre à la volée dans le « camion » que j’ai oubliée dans l’Audi de Moira, dont j’avais mémorisé l’immatricu-lation : K …quelque chose. Quand je m’en suis rendu compte, j’ai demandé la clé à Moira, pour retourner chercher la bouteille. Problème : impossible d’ouvrir l’Audi ! Deuxième tentative … sans plus de succès … et surtout, pas de bouteille en vue à la place du passager. Ça alors ! Après le « visiteur virtuel », la bouteille de cidre virtuelle !!! …Un peu fort de café, non ? …Moira est retournée à sa voiture et a rapporté la bouteille. Je m’étais trompé d’Audi : il y avait deux A4 de la même couleur immatriculées K le long du trottoir … Dîner sympathique, les quatre adultes ont donné un morceau de leur pavé de saumon à Maëlanne, la petite Granvillaise … puis Moira a décroché son téléphone pour tenter de me trouver un lit pour la nuit. Quel « responsable » a-t-elle contacté ? … Il a été question un moment que je partage la chambre d’un visiteur estonien de Türi, puis l’idée a été abandon-née. À « visiteur virtuel », chambre virtuelle !!??? Nous sommes allés à pied à l’exposition des travaux – peintures en format carte postale – des jeunes [d’une partie] des villes du Douzelage. Ambiance de vernissage : … petits gâteaux, verre(s) à la main, papotages à voix basse en pays de connaissance. Mathilde a pris Chris MacAdie à partie, en lui exposant mon cas. Réaction quelque peu embarrassée de l’intéressé qui n’avait manifestement rien à f…aire de « ce type » [« this guy » en V.O.], ce « visiteur virtuel », mais soudain bien réel – pourquoi n’était-il pas resté sur Internet ?!!! - … à quel « responsable » les courriels annonçant ma participation avaient-ils été adressés ? … Car enfin, il était difficile d’envoyer moins d’un participant au titre du Douzelage !!! Le temps de jeter un coup d’œil aux travaux exposés, fort intéressants dans leur diversité, … Moira, qui avait déjà retrouvé la bouteille de cidre « virtuelle », a fait un autre miracle et m’a présenté à Steve, « mon » troisième bon Samaritain, qui m’a ramené en voiture au « camion », qui était resté garé devant chez Chris, et m’a demandé de le suivre jusqu’à sa maison. Parcours sinueux à souhait : j’ai eu l’impression, la nuit aidant, de faire au moins 15 km à travers la campagne, avant d’arriver dans une cour, avec une prise de courant à proximité pour alimenter mes frigos … et une vraie chaumière au fond du jardin. Jamais deux sans trois … Tout est bien qui finit bien – merci, en passant, à Shakespeare ! - … la soirée s’est terminée au salon sur un excellent Laphroaig single malt on the rocks bien « fumé » - Madame est Écossaise. Conclusion : rien ne vaut les initiatives personnelles pour pallier les carences de l’ « organisation ». J’ignore si Chris MacAdie s’en est excusé auprès de Mathilde. J’ai eu quant à moi l’impression d’une « organisation » à têtes multiples, au sein de laquelle c’est toujours un autre qui est responsable, quel que soit le « problème » à résoudre. Mais je n’ai finalement pas à m’en plaindre, puisque je me retrouve dans un bed and breakfast de première classe dans la campagne anglaise, à Bishop’s Caundle pour être précis.
Vendredi 24 Juin … Breakfast matinal en compagnie de Steve – Underwood, le dentiste de Sherborne, qui est parti devant moi pour repoindre son cabinet. Même trajet sinueux, en sens inverse, que la veille, mais de jour … même sous la pluie, il n’y a en fait que 10 km de Bishop’s Caundle à Sherborne Abbey [fondée en 705, il y a 1300 ans … c’est l’évé-nement à l’origine du Sherborne Festival], dans l’enclos de laquelle se tient régulièrement un marché en plein air. Un stand joint de trois mètres a été prévu – sur Internet – pour les Granvillais du Douzelage et du Jumelage [alphabétiquement dans cet ordre]. L’enclos grouille dès 8h30 des commerçants ambulants habitués du marché, qui se mettent en place sous la pluie d’orage, à l’abri de grands parapluies « panoramiques » rectangulaires. J’ai réussi sans trop de mal à garer le « camion » non loin du groupe électrogène visiblement destiné à alimenter ce secteur du marché. Renseignement pris, le raccordement coûte 15 livres – 22,50 Euros – payables d’avance, pour les trois jours. Mais il pleut toujours, donc pas question de déballer. D’ailleurs où sont les tables ? … À 200 m de là, dans le local – la loge – maçonnique de Digby Road, qui sert également de vestiaire au groupe hongrois de Köszeg. Elles sont donc encore encombrées de vêtements. Qu’importe ! L’orage gronde toujours … et les demandeurs de tables tentent – sans succès – de ne pas trop se mouiller. Certains veinards sont d’ailleurs à l’abri et commencent à ressortir avec des tables. La distribution se fait visiblement dans l’ordre d’arrivée – « first come first served » … comme on dit dans ce pays où l’on est traditionnellement rompu à l’art de faire la queue. Le hic, c’est que les demandeurs de tables sont en l’occurrence tous étrangers. Du coup, la queue prend rapidement des allures continentales : ce n’est pas vraiment la foire d’empoigne, mais il faut jouer des coudes, à mesure que les Hongrois, qui n’y sont pour rien, rangent leurs costumes au milieu d’une joyeuse pagaille. Nous réussissons, tant bien que mal, à récupérer deux tables dépareillées, que nous installons à proximité du « camion ». Le groupe électrogène ne tourne toujours pas ; je fais tourner le moteur du « camion » pendant une demi-heure pour alimenter les frigos. Nous nous abritons tant bien que mal sous les parapluies « panoramiques » des habitués du marché, jusqu’à ce que la pluie cesse en début d’après-midi. Le déjeuner servi à la loge maçonnique nous permet de sécher un peu. On nous apporte alors, sans schéma d’assemblage, un petit barnum à monter qui nous fera un peu d’ombre, avant qu’il ne recommence à pleuvoir, vers 16h30. Concrètement, le marché prévu de 9 à 17h se solde par trois heures « utiles », au cours desquelles il n’a pas été possible de tout déballer. Faute de place dans les frigos « embarqués », dont l’un d’eux, rempli de fromages, se montre paresseux, du fait du manque de ventilation dans le « camion », impossible de mettre du cidre et du poiré au frais, donc d’en proposer à la dégustation. Mais nous sommes finalement à peu près secs quand la pluie se remet à tomber. Tout le déballage retourne, en vitesse, dans le « camion », ... puis il faut encore retourner les tables où nous les avons prises. Votre serviteur, un peu fourbu, hésite un moment à propos de la soirée où les hôtes du Douzelage sont conviés – c’est le bruit qui court – à un barbecue chez Chris MacAdie. Que font les autres Granvillais, du Jumelage, à la même heure … mystère de l’ « organisation » ! Après une nouvelle halte et une tasse de thé réparatrice chez Chris Langdon, toujours aussi disponible, pour trouver le numéro de téléphone de mes hôtes de la chaumière et m’indiquer comment me rendre chez Chris MacAdie, j’y retrouve Steve, qui est préposé aux boissons, et je me joins à lui pour déboucher les bouteilles de vin blanc local – agréablement fruité – et de rouge de pays d’Oc. Il y a environ 160 convives à régaler, et la pluie a heureusement cessé. Les jeunes Hongrois chantent a cappella et dansent spontanément dans un ordre parfait, bientôt relayés par les Suédois d’Oxelösund, sous la conduite de leur chef de musique, Kenneth Rodrick, qui n’a pas oublié les jeunes musiciens granvillais, Guillaume Bougeard et David Guerry, qu’il avait accueillis à Oxelösund en 2002. Kenneth, Maj, son épouse, et leurs jeunes violonistes célèbrent pour tous la nuit de la Saint-Jean, en interprétant sans fausses notes des airs traditionnels, autour d’un arbre de la Saint-Jean « de poche » planté symboliquement au milieu de la pelouse. Puis les Hongrois, increvables, accompagnés d’un violon et d’un alto sans ampli, captivent à nouveau l’assistance avec de nouvelles danses très élaborées. Bonne soirée européenne donc, parfois bien arrosée … notamment par Knud, de Holstebro, dont Jette – autre habituée des rencontres du Douzelage – m’assure qu’il est venu à pied au barbecue.
Samedi 25 Juin … Breakfast aussi matinal que la veille en compagnie de Steve. Nous évoquons les bons souvenirs de la soirée, mais je dois retourner sans tarder au « street market », dans l’enclos de l’abbaye, car on nous a bien dit, hier soir, lorsque nous avons retourné les tables, qu’il fallait revenir avant 8h15 pour être sûrs d’en avoir. À l’heure dite, la voie d’accès est déjà encombrée par les véhicules des professionnels habitués des lieux, qui s’affairent à décharger leur marchandise et à remettre leurs étalages en place. Le beau temps est heureusement revenu. Je gare le « camion » à un meilleur emplacement que la veille, à une trentaine de mètres du groupe électrogène, mais j’ai une rallonge suffisante. Pour le transport des tables, je suis seul, mais je retourne quand même sans attendre à la loge maçonnique, où je retrouve Lynn Ashby que je connais de vue. Me reconnaît-elle, ou suis-je toujours le visiteur « virtuel » - et encombrant - de la veille ? Car il faut souligner que l’ « organisation », pour ce qui est de l’identification des hôtes du Douzelage, a bien fait les choses : ils sont tous munis, à l’exception de votre serviteur, qui reste donc un « inconnu », [et, peut-être, de Riitta Huovinen, de Karkkila, qui fut secrétaire du Douzelage sous la présidence de Jeremy Barker ; je la connais pour l’avoir vue à Granville en 1997 et en 2004 et je la revois brièvement sur le stand, sans badge d’identification et sans personne d’autre de Karkkila] d’un beau badge précisant leur prénom, en gros caractères, leur nom et leur ville partenaire d’origine, en petits caractères ; le tout bien lisible sur fond bleu est du plus bel effet - … même si Oxelösund a perdu son tréma, …mais ce n’est qu’un détail …bien compré-hensible, puisque l’anglais ne connaît pas les accents. Quoi qu’il en soit, l’ « organisation » … s’organise ! … puisque le mari de Lynn, indisponible la veille, est là avec son break Volvo chargé de tables opportunément empruntées à la salle des fêtes d’un village voisin. Et ces tables sont légères et aisément transportables par une seule personne. J’en obtiens deux, comme prévu et commence à m’installer. Un peu plus tard, l’interprète hongroise me fait remarquer que je suis à « leur » place – de la veille. Certes, mais le placement s’est effectué dans l’ordre d’arrivée - « the early bird … » -, et je ne suis pas disposé à décamper. D’ailleurs, les Hongrois s’installent sans problème juste en face sur quatre tables et à proximité de l’endroit où le groupe folklorique remarquable se produira plus tard en costumes et en musique, avec l’orchestre au complet : violon, alto, contrebasse et cymbalum. Le stand installé, je ne pourrai, malheureusement, en profiter que de trop loin. Pour Les Chauntous d’la Côte, c’est, hélas, la même chose, car, le beau temps aidant, il y a foule … et d’autant plus de monde pour nous que le French market est installé, à ce qu’on dit, en haut de Cheap Street. Bulots mayonnaise, cidre, poiré - bien frais, car j’ai réussi à faire un peu de place dans l’un des frigos - pommeau, calva - bien sûr ! –, chèvre et camembert sur pain aux céréales retiennent l’attention, sans oublier les échantillons – même cassés – de La Maison du Biscuit. Un visiteur remarque immédiatement le logo, bien en vue, et me parle spontanément de « Marc Burnouf », le directeur, qu’il connaît manifestement en personne. Cela me rappelle que la Manche et le Dorset entretiennent, de longue date, des rapports privilégiés. On me redemande du chèvre ; je retourne en chercher au frigo et je déplace sans y penser une bouteille de poiré qui se trouve au frais ; elle tombe sur une autre et explose bruyamment. Tout le monde se retourne ... il ne me reste plus qu’à sortir le frigo du « camion », à vider le poiré et à essuyer les fromages, avant de remettre le tout en place. L’heure de midi passe sans pause ni repas – est-ce à dire que le déjeuner d’hier à la loge maçonnique était destiné, en fait, aux danseurs et musiciens hongrois et que les hôtes du « street market » en ont profité en douce ? Mystère, mais qu’importe : ce qui est pris est pris ! Pour l’heure, la devise est « Dem..den Sie sich ! » … comme aurait pu l’écrire Grimmelshausen dans son « Simplizissimus » il y a quelques siècles. Impossible de quitter le stand. Je me ravitaille sur place : cœur de Normandie (Lanquetot) bien crémeux, pain aux céréales et cidre … avec le chapeau rond et le « bleau » traditionnels de l’Hermitière, me voilà transformé en Normand ! À 16h, nous commençons à ranger. Le temps de retourner les tables, il est 17h15 ... et toujours pas un instant de libre. Une dame qui accueille une Granvillaise du Jumelage récupère sur le banc public voisin, avec un problème de dos. Je la reconduis donc chez elle, avant de repasser chez Chris Langdon livrer les bouteilles de poiré qu’il a commandées, après m’être enfin soulagé ... de 9h à 17h45 sans pause, cela tient du régime « chameau » ! J’ai juste le temps ensuite de retourner à Bishop’s Caundle pour prendre une douche réparatrice et me changer pour la grande assemblée générale prévue à Digby Hall, pour les hôtes du Douzelage et du Jumelage et leurs familles d’accueil … soit environ 260 personnes – selon Steve. À 19h30, il y a effectivement foule et, semble-t-il, pas forcément de place pour tout le monde. Je repense à Grimmelshausen, car il faut se dém…, pardon, se débrouiller, une fois de plus. Les Chauntous d’la Côte et le chauffeur du car intégré au groupe comme accordéoniste se serrent pour me faire une place au bout d’une table. Je me déniche une chaise, et le tour est joué. Pour la suite du programme, on ira, pratiquement sans transition, du r.....le au sublime. Alors que tout le monde n’est pas encore installé, Jeremy Barker, président hono-raire du Douzelage et responsable en l’occurrence du projet Lingua – multipolaire, interna-tional, donc pourvoyeur de subventions européennes – s’empare du micro pour annoncer – notamment en français, selon Steve, ... mais en tout cas de manière pratiquement inaudible - … en guise de mise en bouche … la projection des séquences vidéo enregistrées - par un vidéaste professionnel, toujours selon Steve - dans les ateliers prévus pour les jeunes venus notamment de Kötzting, Sušice, Judenburg, Chojna, Köszeg, Oxelösund et Türi … qu’on me pardonne si cette liste n’est pas complète, mais personne ne m’a communiqué de programme depuis mon arrivée à Sherborne – il est vrai qu’il n’y a jamais eu formellement de constitution dans ce pays … pas plus que de cartes d’identité ou de permis de conduire portant la photo du titulaire … on comprend mieux, dans ces conditions, que le projet de constitution européenne ne passionne pas les foules. L’assistance est priée de prêter une oreille attentive, car la bande son est « assez faible ». C’est un euphémisme ! Du fond de la salle où je me trouve, c’est un film muet ... en couleurs et sans sous-titres. Résultat : la salle est replongée au bout de 15 secondes de projection dans un brouhaha qui interdit toute conversation … et la projection est rapidement interrompue. À quoi auront servi les subven-tions européennes ? Votre serviteur est, plus que jamais, sceptique quant à leur affectation effective.. Au fait, on est aussi là pour dîner ! … « It’s a ploughman’s » … littéralement, le casse-croûte du laboureur … en self … donc, pour tous, un exercice de queue des grands jours. Les méandres de la queue sont dignes de ceux de la Seine du côté des Andelys, mais il y a finalement des assiettes individuelles – en carton, avec couverts en plastique – en nombre suffisant. Tandis que la queue avance lentement, un jeune Polonais solide déjà entrevu à Granville en 2004 en liquide même deux à la suite sans se bousculer … il lui reste deux moitiés de pomme. Derrière moi, une jeune Polonaise observe que, la veille, elle a participé à la préparation d’un « vrai » repas polonais. Sans commentaire. Au fait, qui s’en est régalé ? Le « service » se termine, en principe, par les viandes … enfin, par ce qu’il en reste, mais l’essentiel est, bien sûr, … comme aux jeux olympiques … de participer. Les viandes épuisées sont d’ailleurs remplacées par les desserts … et le sublime se situe ensuite au niveau du spectacle. Les Chauntous d’la Côte ont droit aux applaudissements. Ils laissent la place aux Suédois qui alternent violons, cuivres et ensemble ABBA, puis aux Hongrois qui se surpassent et récoltent un tonnerre d’applaudissements bien mérités, et enfin à un groupe musical polonais de Chojna … genre bal musette … avec chanteur et sono à fond. Je n’ai, hélas, pas pris de boules Quiès et c’en est trop pour mes oreilles ! Je salue au passage Ed Weber, président du Douzelage, et constate avec lui, en lui hurlant dans l’oreille, qu’il est décidément impossible de s’entendre dans cette Europe des décibels triomphants. Ce sur quoi, je file … à l’anglaise, pour rentrer me coucher. Car le « street market » se poursuit – selon le programme officiel – le lendemain dimanche de 9 à 16h.
Dimanche 26 Juin … Après un breakfast rapide en compagnie de Steve, qui a dû se lever spécialement pour moi, je m’attelle à la corvée de frigo : les cœurs de Normandie (Lanquetot) se sont laissé aller dans le frigo « paresseux » que j’avais sorti du « camion » hier soir, pour lui permettre de respirer et de se remettre à fonctionner, mais je dispose du tuyau d’arrosage du jardin, de liquide vaisselle à la pomme et de deux rouleaux d’essuie-tout pour y mettre bon ordre et « toiletter » les camemberts. Une petite heure plus tard, le mal est réparé et je retourne m’installer pour la troisième fois dans l’enclos de l’abbaye où j’arrive peu avant 9h. Les habitués y sont déjà, mais je suis le seul qui reste du Douzelage … et sans les Granvillais du Jumelage, qui commencent la journée par un service solennel à l’abbaye, sur laquelle flotte depuis samedi le drapeau de Granville. À part les Granvillais, personne ne le connaît : il est présenté, au cours du sermon, comme « le drapeau du Douzelage » - je dois cette précision à Mathilde, qui en a fait la remarque à qui de droit à la sortie de l’abbaye. Au fait, il n’y a plus de tables non plus, et personne pour en distribuer du côté de la loge maçonnique. L’ « organisation » s’est volatilisée ! Qu’à cela ne tienne ! Il faudra faire avec les moyens du bord, en profitant du grand beau temps. Je descends les six casiers à bouteilles dont je dispose et les empile derrière le « camion » pour faire une table de fortune, devant le banc public sur lequel je m’installe. Impossible évidemment de tout déballer, mais j’installe les quelques sièges pliants dont je dispose, pour permettre aux visiteurs de s’asseoir et de bavarder un moment : le luxe, en quelque sorte ! … « to the happy few » - merci Stendhal ! - qui viendront me tenir compagnie. Un vieux monsieur qui a du mal à marcher m’aborde en français. Autodidacte, il me dit son plaisir de rencontrer les Français chez eux et d’engager la conversation, loin des « pièges à touristes ». Un peu plus tard, Jeremy Barker, amateur notoire de calva, repasse pour une dégustation et repart, cette fois, avec une bouteille de goutte qui va lui permettre de « revivre » (sic). Aucune allusion, bien sûr, à l’ « organisation » … je me dis que Jeremy, qui avait déjà dégusté le calva par trois fois à Kötzting, il y a deux ans, avant d’en acheter une bouteille, aurait pu se souvenir utilement de l’organisation du week-end bavarois et s’en inspirer. Jeremy allie, et cela me frappe une fois de plus, « vision et mémoire sélectives » - ce qui lui permet de ne jamais voir et/ou reconnaître que les gens qui peuvent lui être utiles -, et il faut souligner qu’il n’est pas le seul. Les Morris dancers, également présents à Kötzting, auraient pu apporter eux aussi leur contribution dans ce domaine. Comme je suis toujours sans badge officiel d’identification, je reste probablement à la limite du virtuel. Chris Langdon repasse me dire bonjour. Ses jeunes hôtes hongrois sont en excursion pour la journée sur la côte. Chris me parle de celui qui parle le mieux anglais, un garçon de 15 ans qui est dans le groupe de chants et danses folkloriques depuis … 9 ans. La qualité des prestations ne doit donc rien au hasard. Les Granvillais du Jumelage sont en excursion ailleurs. Pas de ravitaillement « organisé » pour l’exception du street market qui respecte le programme officiel, mais il me reste heureusement du cœur de Normandie bien fait et du pain aux céréales destiné, en principe, à la dégustation ... et, bien sûr, du cidre et du poiré pour arroser le tout. Pas question, par contre, de quitter le « stand » réduit un seul instant : régime « chameau », donc, jusqu’à 16h30. Je repasse ensuite chez Chris Langdon, pour lui donner la dernière bouteille de poiré. Tasse de thé au citron, conversation à bâtons rompus, Chris travaille pour la télévision, le ministère des affaires étrangères et quelques ONG. Son épouse, tchèque, est interprète et travaille ce week-end en Pologne. Nous échangeons nos adresses Internet. Au fait, où dîne-t-on ? Les Granvillais du Jumelage m’ont parlé de The Weavers ... Steve m’a parlé de Docherty’s ... le « fish and chips » de Sherborne. Je gare le « camion » entre les deux établissements. Les gens du Jumelage sont en effet aux Weavers - il y a donc eu autrefois des tisserands dans le secteur - pour un dîner animé par des musiciens locaux sans sono tonitruante. Le « fish and chips » est réservé aux hôtes du Douzelage ... et il suffit de prononcer le mot-clé en passant pour être envoyé à l’étage, où les clients sont serrés comme des sardines – ce n’est pas « à la guerre comme à la guerre », c’est au « fish and chips » comme au « fish and chips » !!! J’y retrouve notamment Willy et ses Autrichiens de Judenburg, ainsi que Steve, Chris MacAdie et Mike Balfour. Le poisson et les frites sont bien cuits, la Guinness pourrait être plus fraîche. Au fait, Mike est passé sur le marché pour me rembourser les 15 livres d’électricité. Je trouve dans l’enveloppe un petit bristol avec les compliments de l’institut de beauté tenu par son épouse, qui fait partie des « sponsors » officiels de ce week-end international. La soirée se termine au Digby Tap, le meilleur pub de Sherborne, où l’on sert de la real ale « pompée » à la demande. Je me dis, une fois de plus, qu’elle pourrait être plus fraîche, mais je me garde bien d’en faire part à mes hôtes – « When in Rome … ». Steve rentre avec moi en « camion » à Bishop’s Caundle et nous montons immédiatement nous coucher … la journée a été longue.
Lundi 27 Juin … Comme je dois retrouver les Granvillais au car à 9h en ville, pas question de faire la grasse matinée. Steve est parti aux aurores reconduire les Polonais de Chojna à l’aéroport de Bristol, et c’est Allison, son épouse, qui me fait le thé du breakfast. Le temps reste au beau fixe. Je prends congé de mes hôtes et du bed and breakfast de première classe dont j’ai bénéficié pendant quatre nuits. Au car, les Granvillais prennent eux aussi congé de leurs hôtes qui en profitent pour emporter un certain nombre de bouteilles de cidre … en « solde » par trois. Après le départ du car, je me retrouve chez des gens fort sympathiques qui ont œuvré pour le Jumelage depuis les débuts. Hôteliers, ils ont notamment accueilli en son temps le docteur Boudet et, cette fois, Hélène Dérubay … qui a oublié son chargeur de portable et des livres trop lourds, que je prends bien volontiers en charge pour elle. Retour à Portsmouth sous le soleil … et deux bonnes heures d’attente avant de monter sur le « fast craft », le Normandy Express de Britanny Ferries. Le car, qui passe, lui, sur le Mont Saint-Michel, par Ouistreham, est garé dans une autre file … et sur le point d’embarquer quand je passe dire bonjour aux Granvillais du Jumelage, qui seront encore sur le bateau, à l’heure où je rentrerai à Granville. Grâce à mes trois Samaritains, mon séjour à Sherborne s’est finalement bien passé. Impossible pour moi de préciser à cette heure l’origine des « pannes », l’accueil « virtuel » - en fait le « non accueil » - du seul Granvillais présent à Sherborne au titre du Douzelage … et pourtant annoncé, m’assure-t-on, de longue date, l’absence de badge officiel d’identification, donc de participation officielle de votre serviteur aux trois jours de « street market ». Steve me rapporte, en guise de conclusion, les propos de Jeremy Barker, que je cite de mémoire : «On s’en est finalement bien tirés, en dépit des ratés. » [en V.O.: « It all went down pretty well, in spite of the cock ups. »] … faute avouée est à moitié pardonnée ! Mais j’ai dû mon salut au hasard et aux trois Samaritains que je ne suis pas près d’oublier. Quant aux « responsables » de l’ « organisation » de ce week-end international, qui ont d’abord « oublié » de m’accueillir, puis de s’expliquer pour cet « oubli » lorsque nos chemins se sont – fatalement – croisés au cours du week-end, j’oublierai délibérément de les remercier à mon tour de leur indifférence.
Donville, le 9 juillet 2005
Cambridge, le 21 juillet 2005 le tout de mon cru, comme dirait la Comtesse…
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